Soufflet redynamise la lentille
En augmentant constamment les surfaces de ce légume sec, le collecteur compte bientôt approvisionner à 100 % en lentilles françaises son usine de Valenciennes.
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Elle a longtemps été considérée comme un produit suranné, long à cuisiner, hantant les souvenirs des écoliers passés par la cantine. Mais elle renaît de ses cendres. Identifiée clairement comme une protéine végétale, présentant de nombreux bénéfices pour la santé, de surcroît sans gluten, elle devient même tendance. D'autant qu'elle est aujourd'hui plus facile à préparer, à la faveur de l'apparition de nouveaux produits (lire encadré). En France, comme ailleurs, la consommation est relancée et la production aussi. Avec 40 ha à ses débuts en 2003, la filière lentilles de Soufflet a couvert 2 000 ha en 2016 (sur 18 000 ha en France) et vise 3 200 ha en 2017. L'expansion est mesurée, essentiellement en Bourgogne et dans le centre de la France.
Plus de 500 €/t sous contrat
Ce développement repose sur une contractualisation avec les producteurs sur la base de critères de qualité (maximum 1 % de grains cassés, 15 % d'humidité...) et d'un prix fixé jusqu'à un an avant la récolte. Georges Lemineur, chef de région en Bourgogne, chez Soufflet agriculture, confirme : « C'est une culture rémunératrice dans le sens où elle est essentiellement développée sous forme contractuelle avec des engagements tarifaires définis à l'avance, de 500 à 550 €/t (la vente de semences est attachée aux contrats). « Elle apporte ainsi aux agriculteurs une visibilité sur le prix et sur le compte de résultat à l'hectare de la culture, pour peu que les rendements soient au rendez-vous et ils le sont depuis quelques années. » « Notamment en 2015, où elle a même été la production offrant la meilleure marge brute sur mon exploitation, renchérit Karl D'Hulst, agriculteur aubois livrant à Soufflet. Et dans tous les cas, elle me permet de moins subir la loi du marché. » Du point de vue agro-environnemental, « la lentille offre une certaine diversification aux agriculteurs qui cherchent à allonger leur rotation, appuie Georges Lemineur. En outre, elle est peu exigeante en intrants, tête d'assolement pour le blé, elle valorise les sols légers et bénéficie du statut de SIE ».
Trois silos dédiés
Néanmoins plus risquée que la production de céréales, la culture de lentilles nécessite un accompagnement poussé. Soufflet l'a d'ailleurs intégrée dans les plateformes d'essai et le service technique élabore un message par mois, entre le semis et la récolte, à destination de tous les producteurs en contrat. « A la récolte, il est important que la moissonneuse soit très bien réglée pour éviter les grains cassés, et nettoyée pour éliminer la présence de grains de blé dans ce marché sans gluten. » Soufflet agriculture dispose actuellement de trois silos où les lentilles sont centralisées et qui sont équipés pour faire un premier tri et nettoyage.
Elles sont ensuite acheminées vers l'usine Soufflet alimentaire de Valenciennes (Nord), pour être nettoyées, triées, épierrées, calibrées et conditionnées. A noter que l'industriel dispose d'une autre usine en Haute-Loire, dédiée à la lentille du Puy, en partenariat avec Eurea. Ainsi, 60 % des lentilles traitées par Soufflet alimentaire sont françaises.
Se diversifier hors de la lentille verte
« Soufflet commercialise 30 % de ses lentilles sous sa propre marque, Vivien paille, le reste étant vendu sous marques de distributeurs », informe Thierry Liévin, directeur de Soufflet alimentaire. Avec une part de marché de 30 %, le leader français de la lentille compte s'approvisionner uniquement en lentilles françaises d'ici trois à quatre ans. Centré sur la lentille verte (95 % de ses ventes), l'industriel envisage aussi de se diversifier dans les lentilles rouges, blondes et noires. Pour les années à venir, l'objectif est de recruter de nouveaux producteurs, qui en général essayent la première année, agrandissent leur surface la seconde année, puis atteignent un plafond dès la troisième année. Mais pas question de développer à tout va : Soufflet impose qu'elles soient cultivées sur des sols argilo-calcaires, filtrants, légers à tendance basique, et sur 15 % maximum de l'assolement. « Car derrière, précise Georges Lemineur, il faut assurer la rotation. »
Renaud Fourreaux
Ce site compte sept lignes d'usinage de riz et légumes secs, et treize lignes de conditionnement.
R. FOURREAUX - GROUPE SOUFFLET
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Georges Lemineur, chef de région en Bourgogne, chez Soufflet agriculture.
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Thierry Liévin, directeur général de Soufflet alimentaire.
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Soufflet agriculture a multiplié ses surfaces de lentilles par trois en quatre ans.
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